
Une fois de plus, le monde se réunit pour parler de la paix dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Ce jeudi 30 octobre à Paris, une cinquantaine de pays et d’organisations internationales se penchent sur le sort d’une région qui, depuis trois décennies, n’a connu que la guerre, les déplacements, et la misère. Sur les écrans et dans les discours, tout semble noble : “mobiliser pour la paix”, “agir pour la prospérité”, “soutenir les populations”. Mais sur le terrain, les Congolais de l’Est ne croient plus à ces formules polies. Ils ont trop entendu. Trop attendu.
Depuis plus de vingt ans, les conférences se succèdent comme les saisons. Addis-Abeba, Nairobi, Doha, Washington… Aujourd’hui, Paris. Et chaque fois, les mêmes promesses, les mêmes photos de famille diplomatique, les mêmes résolutions qui s’éteignent dès les projecteurs éteints. Pendant ce temps, à Beni, à Rutshuru ou à Kalehe, les civils continuent de mourir, les écoles ferment, les champs brûlent, et les enfants grandissent dans des camps de fortune. La paix n’est pas dans les salles de conférence, elle se joue là où personne ne regarde dans les villages oubliés du Kivu et de l’Ituri.
Les Congolais de l’Est ne demandent pas des mots, mais des actes. Ils n’attendent pas la charité, mais la justice. Comment parler d’aide humanitaire quand les acteurs internationaux ferment les yeux sur les causes économiques et politiques du conflit ? Tant que les grandes puissances profiteront du chaos congolais, aucune conférence n’apportera la moindre solution durable.
La France, qui veut “aller plus loin” dans son engagement, a une responsabilité historique. Elle ne peut plus se contenter d’être médiatrice symbolique dans une guerre qui saigne l’Afrique. Elle doit choisir son camp : celui des peuples ou celui des intérêts. Soutenir la paix, ce n’est pas multiplier les promesses, c’est imposer la cohérence. C’est refuser la diplomatie à géométrie variable où les bourreaux deviennent partenaires et les victimes, simples statistiques.
Les congolais de l’Est n’ont plus besoin de compassion, mais de courage politique. Le monde doit cesser de gérer la guerre : il doit la résoudre. Les financements humanitaires ne remplaceront jamais la volonté d’agir contre les systèmes qui nourrissent l’insécurité. La paix ne viendra pas de nouvelles conférences, mais d’un sursaut moral celui qui met la vérité avant les alliances, la justice avant les intérêts.
Encore une conférence internationale, oui. Mais si Paris veut marquer une différence, qu’elle rompe avec la routine de l’hypocrisie diplomatique. Qu’elle transforme enfin les belles paroles en actes concrets, visibles, mesurables. L’Est du Congo ne veut plus de discours : il réclame la fin de l’indifférence. Ce n’est pas un sommet qu’il attend, mais une justice mondiale qui, pour une fois, regarderait le Congo autrement que comme un problème, mais comme une promesse de dignité à tenir.
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