Kinshasa, capitale politique et miroir brisé de la République, semble s’être habituée à la décadence qu’elle prétend diriger. Tandis que le pays s’enfonce dans une crise multidimensionnelle politique, sécuritaire, économique et morale la capitale danse au rythme d’un pouvoir déconnecté, englué dans ses querelles de positionnement. Le contraste est choquant : pendant que des millions de Congolais fuient les bombes, la misère et la faim, les dirigeants rivalisent de promesses vides et de gesticulations médiatiques. On aura décidément tout vu dans ce pays où le cynisme a remplacé la gouvernance.

Kinshasa se veut le cœur du pouvoir, mais ce cœur bat au ralenti, étouffé par l’arrogance et l’indifférence. Les institutions censées incarner la République ne sont plus que des théâtres d’intérêts particuliers, où la recherche du gain personnel prime sur l’intérêt collectif. On discute de sièges, de ministères et de privilèges, pendant que les provinces brûlent, que les enseignants attendent leurs salaires et que les déplacés de guerre dorment à même le sol. L’État semble absent, remplacé par un système clientéliste où chaque crise devient une opportunité d’enrichissement pour quelques-uns.

Le plus grave, c’est que Kinshasa n’a même plus honte. Les scandales se succèdent sans conséquences, les appels à la responsabilité restent lettres mortes, et la corruption s’affiche désormais sans fard. L’on gouverne par les slogans, les inaugurations et les selfies, comme si la communication pouvait masquer la faillite. Le peuple, lui, regarde, impuissant, cette capitale qui brille la nuit mais pourrit le jour, symbole d’un pouvoir qui a perdu la mesure de la souffrance nationale.

Et pourtant, la RDC mérite mieux que ce théâtre permanent. Les Congolais méritent une capitale qui inspire et non qui méprise, un leadership qui agit et non qui parle. Tant que Kinshasa continuera à se comporter comme une île prospère au milieu d’un océan de misère, le pays restera en crise permanente. Il est temps que les dirigeants comprennent qu’on ne gouverne pas un peuple par la ruse, mais par l’exemple. Car à ce rythme, l’histoire retiendra non pas leurs promesses, mais leur indifférence. Oui, en RDC, on aura vraiment tout vu.

About The Author

Eugide Abalawi-Ndabelnze

See author's posts