
Kinshasa jubile, mais le peuple trinque. La Banque centrale du Congo (BCC) se vante d’avoir “stabilisé” le franc congolais après l’injection soudaine de 50 millions de dollars sur le marché. En réalité, c’est une mise en scène économique, un jeu dangereux qui cache l’improvisation totale du pouvoir. Pendant que les autorités célèbrent la chute artificielle du dollar, la population, elle, ne voit aucun changement dans son panier. Une illusion de stabilité qui cache une tempête annoncée.
Sur les marchés, rien n’a bougé. Le riz, le carburant, le savon ou le transport coûtent toujours aussi cher. Les commerçants n’y croient pas : ils savent que le taux de change finira par remonter. La fameuse “baisse du dollar” n’a donc servi qu’à calmer l’opinion quelques jours, sans effet réel sur la vie des Congolais. Pire, cette opération a déstabilisé un marché de change qui était resté stable pendant deux ans. La BCC a choisi de jouer avec le feu pour masquer son incapacité à piloter une économie dollarisée.
Derrière cette décision, une manœuvre : récupérer les dollars en circulation. Le gouvernement veut aspirer les devises, quitte à provoquer une pénurie. Une fois les coffres remplis, le dollar redeviendra rare, son taux explosera et le franc s’effondrera de nouveau. C’est une arnaque d’État, déguisée en politique monétaire. Résultat : inflation à venir, perte du pouvoir d’achat et retour à la planche à billets. Une spirale que Kinshasa n’a jamais su briser.
Ce qui se passe n’est pas une victoire, c’est un aveu d’échec. La valeur d’une monnaie ne se décrète pas : elle se construit par la production, les exportations et la confiance. Or la RDC ne produit presque rien. Injecter des millions dans un marché vide de contenu économique, c’est gonfler un ballon percé. On ne peut pas sauver le franc congolais avec du théâtre politique et des effets d’annonce.
La BCC doit arrêter cette navigation à vue. Le peuple n’a pas besoin de chiffres truqués, mais de stabilité réelle. Tant que Kinshasa préférera manipuler le taux plutôt que d’investir dans l’agriculture, l’industrie et la transparence budgétaire, le dollar restera roi et le franc, un mirage. La baisse du taux du dollar n’est pas un signe de force : c’est un écran de fumée qui dissimule une crise monétaire profonde et un pouvoir déconnecté de la réalité.
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