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Quand on  s’imagine  la politique  en tant que  science de gestion de la société ,  on croit avoir à faire à une science du pouvoir pour le bien-être des peuples. Et finalement ce que  les  politiciens , en font détruit totalement cette vision idyllique.  Car dans l’arène politique, les mots sont des armes. Les idées deviennent des slogans, et les adversaires, des caricatures.

Au-delà des débats de fond et des programmes, la politique moderne semble de plus en plus s’éloigner de l’humain pour ne garder que l’efficacité brutale des ambitions personnelles inavouées. Elle déshumanise non seulement l’adversaire, mais aussi le citoyen, et parfois même le décideur au point de dessécher  totalement celui qui la pratique. Aussi entend on souvent qu’en politique il n’ y a pas d’amis mais rien que des intérêts . Passons en revue ces observations.

L’adversaire transformé en objet

Le débat politique est souvent réduit à un combat de gladiateurs. L’opposant n’est plus un individu avec ses propres convictions, mais un symbole à abattre. On ne discute plus de ses arguments, on le qualifie. « Imposteur », « démagogue », « populiste » : ces étiquettes simplifient la complexité et réduisent la personne à un archétype. Cette approche permet de justifier toutes les attaques, car on ne s’en prend plus à un être humain, mais à une idée stéréotypée, au pire à sa vie.

Le citoyen réduit à un électeur

Le citoyen est lui aussi victime de cette déshumanisation. Il n’est plus vu comme une personne avec des espoirs, des peurs et des besoins complexes, mais comme un simple vote à conquérir. Les campagnes électorales ne cherchent plus à engager un dialogue, mais à activer des leviers psychologiques. On cible les peurs, on crée des promesses faciles, on sur-simplifie des problèmes complexes pour plaire au plus grand nombre. Le citoyen devient un consommateur d’idées politiques, un pion dans un jeu de stratégie électorale, ce qui encourage l’indifférence ou la polarisation.

Le décideur prisonnier d’un système

Enfin, les politiciens eux-mêmes peuvent devenir prisonniers de cette machine. Pour survivre dans un environnement où la moindre erreur est exploitée et où la performance médiatique prime, ils sont contraints de porter un masque. L’authenticité fait place au calcul. Le besoin de paraître fort, inébranlable et sans faille les oblige à cacher leurs doutes, leurs vulnérabilités et leur humanité. Ils peuvent se retrouver isolés, coupés de la réalité du peuple qu’ils sont censés représenter. C’est en ces moments-là que comme des drogués qu’ils sont désormais , ils présentent les mêmes caractéristiques: accoutumance , escalade. Ils sont accrocs à fond au mensonge, au calcul ,  refusant  même de guérir car cette drogue est devenue leur rempart, leur signe de réussite , leur raison d’être .   

Retrouver le dialogue

Retrouver de l’humanité en politique  comme le réclame le peuple , reste sans doute un voeux pieux qui frise l’utopie. Mais pour que cela devienne réalité , il faudrait effectivement  un retour au débat d’idées,  à l’écoute de l’autre et par la reconnaissance de la complexité de chaque individu. Si ceux qui les encensent par intérêt vivent des  slogans, le peuple s’inquiète pour  son assiette , son panier  , pour  l’éducation de ses enfants, son épargne pour ses vieux jours.   Or  le politicien de nos jours a de moins en moins  le courage de montrer sa vulnérabilité, son impuissance, et continue à remanier des gouvernements comme on change de  chaussettes. Et pendant ce temps le cancer de la crise fait métastase . 

Désormais enfermé dans sa tour d’ivoire, aveuglé par son ego ,  il perd toute vision . Il  cherche plus à faire peur à son peuple plutôt qu’à se faire apprécier. C’est la jungle ! Il instrumente les institutions à son unique profit. Et où la raison devrait le pousser à démissionner, il repousse au maximum  les échéances,   en cherchant à gagner du temps. Et  même quand tous les indicateurs sont au rouge, il espère rattraper ses ratés en préparant un autre mandat.  Or  il n’ y a pas en ce monde de politique miracle !

Ce n’est qu’en rétablissant le dialogue permanent avec  ceux qu’on gouverne que l’on pourrait  reconstruire un tant soit peu une  politique  qui sert réellement à sa population.  Si les monarchies pour la plupart  ont été renversées et remplacées par le système démocratique , c’est pour les mêmes raisons décriées ici. Les populations d’aujourd’hui ne sont plus celles d’hier. Tant qu’elles choisissent les élus à qui elles donnent mandat pour un temps défini par la Constitution , elles ont droit au respect de ce contrat  par une gestion transparente. C’est cela la redevabilité!     

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