
La ville de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, vit sous la menace directe du réchauffement climatique, des incendies récurrents et de la prolifération de ravageurs agricoles. Alors que la COP 30 s’ouvre à Belem, au Brésil, du 10 au 21 novembre 2025, les habitants du Sud-Kivu expriment à la fois leur inquiétude et leurs attentes envers cette grande rencontre mondiale sur le climat.
Les collines verdoyantes qui faisaient jadis la fierté de Bukavu s’assèchent à vue d’œil. La chaleur étouffante, les feux de brousse et la disparition progressive de la couverture végétale transforment la ville en un véritable four. Ces dernières semaines, plusieurs entités comme Ibanda, Kadutu, Bagira, Panzi, Walungu, Kabare… ont été touchés par des incendies dévastateurs. Des familles se retrouvent sans abri, tandis que les agriculteurs constatent impuissants la destruction de leurs champs de manioc, de maïs et de bananiers.
« Nous vivons une catastrophe silencieuse », soupire Marie-Claire, habitante de Kabare. « Chaque année, la chaleur devient insupportable. Nos maisons brûlent, nos récoltes disparaissent, et personne ne semble réagir. » Cette détresse se répète dans les villages environnants où les populations, dépendantes de l’agriculture, voient leur survie compromise. Le lac Kivu, autrefois source de fraîcheur et de subsistance, subit lui aussi la montée des températures et la pollution croissante de ses eaux.
Selon un climatologue, la situation est alarmante : « Bukavu est aujourd’hui l’un des pôles urbains les plus vulnérables d’Afrique centrale. Le réchauffement local accentue les feux, favorise l’érosion et attire des ravageurs comme les chenilles légionnaires et les criquets. Nous risquons une crise alimentaire majeure si rien n’est fait. » Il plaide pour des politiques locales plus rigoureuses en matière de gestion forestière et d’urbanisation durable.
À l’approche de la COP 30 à Belem, les habitants du Sud-Kivu espèrent que leurs cris seront enfin entendus. Dans les rues de Bukavu, les discussions tournent autour des engagements internationaux et de la responsabilité des pays industrialisés. « Nous n’avons pas les moyens de lutter seuls », lance Faustin, agriculteur à Kabare. « Que les dirigeants mondiaux viennent voir comment nous vivons ici. On parle du climat, mais le climat, c’est nous qui le subissons au quotidien. »
Les organisations environnementales locales appellent à des actions concrètes issues de la COP 30 : financement des projets verts, reboisement massif, et protection du lac Kivu. Pour elles, la survie de Bukavu dépend de la capacité de la communauté internationale à traduire les promesses en actes. Le temps presse, préviennent les experts : si rien ne change, Bukavu risque de devenir une ville invivable d’ici dix ans.
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