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Le silence. Celui des arbres qui tombent. Celui des forêts qui brûlent. Celui, surtout, des dirigeants du monde, réunis à Belém pour la COP30, qui prétendent sauver la planète tout en la condamnant. À l’ombre de l’Amazonie ce poumon de la Terre en train de suffoquer se joue une tragédie planétaire. Les promesses s’empilent comme des cendres sur un sol carbonisé. Et la Terre, impuissante, regarde ses défenseurs autoproclamés signer, une fois encore, des accords qu’ils ne respecteront pas.

Selon la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU), le stockage de carbone forestier a augmenté de 11 % depuis 1990. Mais derrière cette lueur d’espoir se cache une réalité alarmante : incendies dévastateurs, déforestation industrielle, agriculture extensive, exploitation illégale. Le poumon vert du monde est en train de noircir.
Tatiana Molcean, secrétaire exécutive de la CEE-ONU, l’a dit avec gravité : « Ce que nous avons accompli en trente ans est gravement menacé. Nous ne pouvons pas perdre la plus puissante défense naturelle de la planète. »
Pourtant, les alarmes résonnent dans le vide. Les conférences s’enchaînent, les rapports s’accumulent, mais la Terre, elle, continue de brûler.

Belém devait être la COP des forêts. Mais elle risque de n’être qu’un théâtre où les puissants du monde se congratulent pendant que les tronçonneuses rugissent. Comment parler de transition écologique quand les subventions aux énergies fossiles battent des records ? Comment évoquer la « neutralité carbone » quand chaque minute voit disparaître l’équivalent de 30 terrains de football de forêt ?
Sous les projecteurs, les chefs d’État afficheront des sourires et des engagements climatiques. En coulisses, les lobbies pétroliers, miniers et agricoles dictent toujours la marche du monde. La planète suffoque, mais les profits, eux, respirent encore à pleins poumons.

Pendant que l’Amazonie monopolise les regards, le bassin du Congo, deuxième forêt tropicale du monde, meurt dans l’indifférence. Ses arbres captent des milliards de tonnes de CO₂, ses sols abritent une biodiversité inestimable, mais ses gardiens – les peuples autochtones – sont laissés pour compte. Les promesses d’aide climatique se perdent dans les couloirs des ministères.
Le silence de Belém est assourdissant. Si la COP30 veut avoir un sens, elle doit écouter ce cri venu d’Afrique : sans justice climatique, il n’y aura pas de paix écologique.

Les dirigeants du monde ont désormais un choix : redonner souffle à la planète ou signer son dernier souffle. Les forêts ne sont pas un décor, mais le cœur battant de notre survie collective. Chaque arbre abattu rapproche un peu plus l’humanité de l’asphyxie.

Si Belém échoue, la COP des forêts deviendra la COP du renoncement. Et dans le grand silence des forêts disparues, il ne restera plus que l’écho de nos contradictions.

La planète n’a plus besoin de promesses. Elle a besoin d’actes. Et vite.

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