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Introduction

Le populisme et l’évangélisme représentent deux courants contemporains qui, malgré leur appartenance à des domaines distincts — l’un politique, l’autre religieux — se croisent souvent dans le domaine public. Leur agencement dévoile une dynamique ambivalente : à la fois un moteur de l’engagement populaire et un instrument de division sociale. Donc, au fil des dernières années, nous avons observé des politiciens mobilisant les masses tout autant que des évangélistes employant les mêmes tactiques pour susciter l’approbation en visant à émouvoir les foules plutôt qu’à les raisonner.

Autrefois, les individus fréquentaient les églises pour trouver du recueillement dans le silence. De nos jours, les gens y vont pour se divertir. La communauté offre un espace où la musique, le chant, les sermons passionnés créent une atmosphère de communion collective, permettant à ses membres d’échapper au monde extérieur et de trouver refuge en toute confiance parmi leurs frères et sœurs. Or, c’est ici que l’homme se manifeste dans toute sa vulnérabilité. Parce que les obstacles ont disparu avec l’embarras des conventions et nous communiquons comme nous le faisons avec tout le monde. Ici, le ministre peut être considéré comme un frère, et on peut lui parler de son dossier professionnel ou de son problème spécifique.

Nous vous invitons à découvrir cette dualité, en illustrant comment l’union du discours populiste et de la rhétorique évangélique alimente diverses initiatives politiques, qui vont de la promesse d’émancipation au danger de manipulation ou d’exclusion.

1. Populisme et évangélisme : définitions et points communs

On définit généralement le populisme comme une approche politique qui oppose « le peuple pur » aux « élites corrompues ». En ce qui le concerne, l’évangélisme se distingue par la primauté accordée à la conversion individuelle, une interprétation littérale des textes sacrés et un accent mis sur l’aspect missionnaire.

Ces deux mondes ont en commun une logique de proximité et d’immédiateté : • Le populisme aspire à représenter directement la voix du peuple. • L’évangélisme cherche à établir une connexion personnelle et émotionnelle avec le divin.

Cette convergence clarifie leur similarité dans les discours politiques : la population se transforme en une communauté éthique chargée d’une mission historique.

2. Les fonctions de mobilisation : l’espoir et la cohésion.

L’emploi combiné du populisme et de l’évangélisme peut fonctionner comme un outil de mobilisation. • En Amérique latine, des figures telles que Jair Bolsonaro au Brésil ont recours à des allusions évangéliques pour justifier un projet de redressement moral, articulé autour d’un discours populiste ciblant les « élites corrompues ». En Afrique, quelques leaders exploitent le discours biblique pour lier leur mission politique à un appel divin, consolidant de ce fait leur légitimité parmi les croyants. En République démocratique du Congo, nous avons observé de nombreux exemples de ces individus se présentant comme des serviteurs de Dieu sous les deux identités. Ils emploient parfois les deux de manière simultanée.

• La « droite chrétienne » aux États-Unis a adopté une mentalité populiste, dépeignant les chrétiens évangéliques comme « le véritable peuple » en danger à cause des élites libérales et des minorités.

Dans ces scénarios, le discours politico-religieux génère un vocabulaire de l’espoir : il propose aux foules un récit qui transcende la routine quotidienne et les oriente vers une mission collective.

3. Les dangers d’exclusion : polarisation et idéologie

Toutefois, cette rhétorique a un revers sombre. En caractérisant le « vrai peuple » comme détenteur de valeurs évangéliques, elle exclut ceux qui ne partagent pas cette perspective. L’ambiguïté réside ici : le langage de l’unité se transforme en un outil de division.

• Les groupes ethniques ou religieux minoritaires sont fréquemment mis à l’écart du projet national. L’hétérogénéité culturelle et sociale est considérée comme un danger pour la cohésion morale de la nation. La politique se transforme en un conflit moral, où l’adversaire n’est pas seulement un concurrent politique, mais un ennemi du « bien ».

Ce climat de confrontation alimenté par la polarisation peut mettre en péril les institutions démocratiques.

4. Une collaboration stratégique et contextuelle

Cette rencontre est également empreinte d’ambivalence en raison de son caractère contextuel. En fonction du contexte, l’association populisme/évangélisme peut se révéler être : • Englobante, lorsqu’elle est utilisée pour défendre les opprimés et accroître l’engagement politique. Des groupes évangéliques en Amérique latine ont appuyé des initiatives sociales telles que la justice et la lutte contre la pauvreté.

• Par ailleurs, cette ambivalence peut s’enfermer de manière exclusive dans une perspective identitaire et autoritaire.

Cette flexibilité explique pourquoi le discours politico-religieux demeure un outil prisé : il a la capacité de rassembler des foules par l’émotion, tout en fournissant une justification spirituelle aux décisions politiques.

En conclusion : 

Le mariage du populisme et de l’évangélisme met en évidence une grande ambiguïté dans le discours politique actuel. Elle a le potentiel de véhiculer un langage d’espoir et d’unité, tout en pouvant également être source d’isolement et de division. Ce double aspect démontre que le problème n’est pas de déterminer si ces registres doivent être distincts, mais plutôt comment ils sont utilisés et au profit de quel projet.


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