« Mobutu, une vie, un destin » : entre mémoire, controverse et héritage politique.

Près de trois décennies après sa mort, le nom du Maréchal Mobutu refait surface à Kinshasa. Une exposition inédite, organisée du 16 au 30 octobre 2025 au Musée national, propose de revisiter le parcours et l’héritage du dirigeant du Zaïre. Entre hommage, réconciliation et débats sur la gouvernance, l’événement suscite déjà de vives réactions.

Vingt-huit ans après sa disparition, le Maréchal Mobutu Sese Seko revient au centre de la scène nationale à travers une exposition intitulée « Mobutu : une vie, un destin ». Prévue du 16 au 30 octobre 2025 au Musée national de Kinshasa, cette initiative a été annoncée par son fils, Mobutu Nzanga Ngbangawe, président du parti UDEMO. Il s’agit d’une première activité d’envergure dédiée à l’ancien chef de l’État, dont le nom continue de diviser les opinions en République démocratique du Congo.

L’exposition ambitionne de retracer le parcours de celui qui a dirigé le Zaïre pendant 32 ans, de 1965 à 1997. Les organisateurs évoquent un moment de redécouverte historique à travers des archives, objets symboliques et documents rares illustrant la vision de Mobutu. Mais derrière cet hommage culturel se cache une interrogation plus profonde : comment juger un dirigeant dont le règne a mêlé grandeur nationale, culte de la personnalité et dérives autoritaires ?

Pour les partisans du maréchal, cette initiative représente une forme de réhabilitation morale. Ils rappellent que Mobutu a incarné une certaine idée de la souveraineté nationale et du patriotisme africain à travers sa politique d’authenticité. Mais pour d’autres, revisiter son époque sans esprit critique reviendrait à blanchir un régime marqué par la corruption, la répression politique et la personnalisation du pouvoir.

Plusieurs analystes voient néanmoins dans cette exposition une opportunité d’éducation citoyenne. « Ce n’est pas un retour du mobutisme, mais une leçon d’histoire », estime un professeur de l’Université de Kinshasa. Pour lui, comprendre Mobutu, c’est aussi comprendre les fondements et les dérives de la gouvernance actuelle : clientélisme, centralisation du pouvoir et culte du chef.

En définitive, « Mobutu : une vie, un destin » dépasse le simple hommage. L’événement invite à une introspection nationale sur la mémoire collective, le rapport au pouvoir et la capacité du pays à tirer des leçons de son passé. En exposant Mobutu, Kinshasa expose aussi les contradictions de sa propre histoire politique entre nostalgie et exigence de vérité.

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