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Pendant que les bombes éclatent dans les collines de l’Est, Kinshasa continue de rêver debout. Là-bas, des enfants dorment à la belle étoile, des mères enterrent leurs fils, des soldats tombent sans relève. Ici, au bord du fleuve, on parle conférences, nominations, voyages et promesses de paix sans lendemain. Le contraste est saisissant, presque indécent : un pays en feu d’un côté, un pouvoir plongé dans la torpeur de ses illusions de grandeur de l’autre.

Chaque jour qui passe, la guerre avance comme une marée lente et sûre, pendant que la capitale s’enlise dans les discours. Les ministères s’agitent, les porte-paroles rassurent, les communiqués pleuvent mais sur le terrain, rien ne change. La guerre progresse, les territoires tombent, et les populations perdent foi en un État qui ne les entend plus. Kinshasa rêve d’autorité, de souveraineté, de victoire diplomatique, mais la réalité lui échappe : la nation saigne pendant qu’elle sommeille.

Ce rêve éveillé du pouvoir central est un luxe que la République ne peut plus se permettre. La RDC n’a pas besoin de belles phrases, mais d’un réveil brutal. Le pays attend un leadership qui ose dire la vérité, affronter les causes profondes du conflit, et non un gouvernement qui se complaît dans l’autojustification. Le patriotisme ne se déclame pas dans les salons feutrés : il se prouve sur le terrain, là où les Congolais tombent pour une patrie qu’ils sentent de plus en plus lointaine.

Si Kinshasa ne se réveille pas, d’autres décideront de son sort. L’histoire est en train de s’écrire sans elle, sur les collines du Kivu et dans les camps de déplacés. Le peuple congolais mérite mieux qu’un pouvoir somnolent et des institutions absentes. Il mérite un État conscient de l’urgence nationale, un État qui ne rêve plus, mais qui agit. Car pendant que Kinshasa rêve debout, la guerre, elle, ne dort jamais.

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