
Alors que Paris s’apprête à accueillir, le 30 octobre 2025, une Conférence internationale de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs, les regards de l’Est de la République démocratique du Congo se tournent vers la capitale française. Entre espoirs, scepticisme et impatience, les populations meurtries par les guerres et la misère espèrent enfin voir se dessiner une paix durable et des solutions tangibles à leur souffrance.
À Bukavu, Goma, Uvira ou encore Bunia, le mot “Paris” résonne comme une promesse lointaine, mais fragile. Dans les rues poussiéreuses de Kadutu, Jean-Marie, enseignant déplacé depuis Kalehe, confie : « Nous avons trop entendu parler de conférences et de dialogues. Ce que nous voulons aujourd’hui, ce sont des routes sûres, des écoles ouvertes et le retour de nos familles dans leurs villages. »
Son sentiment est partagé par de nombreux habitants qui saluent l’initiative française, tout en réclamant des engagements concrets plutôt que de simples déclarations diplomatiques.
La conférence, organisée par la France en étroite coordination avec le Togo médiateur de l’Union africaine, doit réunir les principaux partenaires internationaux, dont les États-Unis, le Qatar et plusieurs pays de la région. L’objectif annoncé : mobiliser la communauté internationale autour de la crise humanitaire et soutenir la dynamique de négociation en cours.
Mais pour Sarah, étudiante à l’Université Officielle de Bukavu, « la paix ne viendra pas des conférences à Paris si, sur le terrain, les armes continuent de parler. Il faut que la communauté internationale agisse vraiment sur ceux qui alimentent les groupes armés. »
Dans les territoires ravagés par les affrontements, la population attend que cette rencontre dépasse les promesses habituelles. À Minova, un commerçant déplacé, Michel, espère que « cette fois, on parlera aussi de développement, pas seulement de sécurité. Car sans emplois ni écoles, la paix restera un rêve. »
Beaucoup voient dans l’idée d’intégration économique régionale défendue par les organisateurs une voie possible vers la stabilité, à condition que les pays voisins jouent la carte de la coopération plutôt que celle de la méfiance.
Du côté des organisations locales, les attentes sont tout aussi claires. Elles appellent à « un engagement financier immédiat pour la réhabilitation des zones affectées, la relance agricole et la protection des civils. »
À Goma, les voix qui s’élèvent sont formelles « Il faut que cette conférence ne soit pas un show diplomatique, mais un tournant pour la population congolaise », insiste une coordinatrice humanitaire.
À quelques jours du rendez-vous de Paris, l’espoir se mêle donc à la méfiance. Dans l’Est, on rêve d’un lendemain où les armes se tairont enfin, où les écoles rouvriront et où les familles pourront se reconstruire.
Mais pour beaucoup, la véritable question reste la même : cette conférence sera-t-elle celle du changement, ou une énième réunion de bonnes intentions sans lendemain ?
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