

Le mois de septembre, généralement marqué par des pluies abondantes annonçant la saison culturale A, s’installe cette année dans une atmosphère inhabituelle. À Kabare et Walungu, deux territoires agricoles du Sud-Kivu, le silence des nuages inquiète et désespère les paysans. Les champs, qui devraient déjà être ensemencés, restent désespérément secs.
Les agriculteurs, entre crainte et désarroi
« Chaque année, à cette période, nous avons déjà commencé les semis. Mais aujourd’hui, nous ne pouvons rien faire, car la pluie ne vient pas », raconte avec amertume Jean-Baptiste, cultivateur de riz à Kabare.
À Walungu, le ton est le même. « Nous vivons essentiellement de l’agriculture. Si la pluie continue de tarder, c’est toute une saison que nous perdrons. Comment allons-nous nourrir nos familles ? », s’interroge Marie-Claire, agricultrice mère de six enfants.
Certains commencent même à craindre des famines locales. « Sans semis à temps, la récolte sera faible, et les prix sur les marchés vont flamber », prévient Clovis, un producteur de maïs.
Une situation exceptionnelle et inquiétante
Le mois de septembre est réputé pluvieux dans la région. Le retard observé cette année est jugé anormal. « Depuis ma jeunesse, je n’ai jamais vu une telle sécheresse au début de la saison culturale », témoigne un vieux cultivateur de Walungu, visiblement préoccupé.
Cette absence de pluie pousse certains paysans à évoquer une « malédiction », tandis que d’autres y voient une conséquence du changement climatique et de la déforestation croissante dans la région. « La nature se venge, car nous avons détruit nos forêts », reconnaît un jeune agriculteur de Kabare.
Les causes possibles du retard des pluies
Les experts en environnement rappellent que plusieurs facteurs pourraient expliquer ce phénomène :
- Le changement climatique mondial, qui dérègle les saisons.
- La déforestation massive, réduisant la capacité des forêts à retenir l’humidité.
- La dégradation des sols, appauvrissant les écosystèmes locaux.
Des conséquences redoutées sur l’économie et la sécurité alimentaire
Dans une province où plus de 80 % de la population dépend directement de l’agriculture, une saison ratée peut avoir des effets en chaîne :
- Baisse drastique de la production vivrière.
- Augmentation des prix des denrées alimentaires sur les marchés locaux.
- Risque accru de malnutrition, surtout chez les enfants.
- Pauvreté accentuée pour des familles déjà fragiles.
« Si rien ne change dans les prochains jours, nous serons obligés de réduire nos repas. Nos enfants vont souffrir », confie tristement une mère rencontrée à Walungu.
Un appel à l’aide et à des solutions durables
Face à cette crise naissante, les agriculteurs appellent à la solidarité et à l’appui des autorités. Certains demandent des semences résistantes à la sécheresse, d’autres plaident pour des programmes de reboisement afin de rétablir l’équilibre climatique.
« Il ne suffit pas d’attendre que la pluie tombe, il faut aussi que nous changions nos pratiques », estime un responsable d’une coopérative agricole locale.
En attendant, les regards restent tournés vers le ciel. Chaque nuage aperçu suscite l’espoir d’une averse qui viendrait sauver la saison, mais chaque journée de sécheresse supplémentaire renforce l’angoisse des cultivateurs.
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