

À l’occasion de la Journée internationale de prévention du suicide, célébrée le 10 septembre de chaque année, l’organisation Stop Suicide RDC a réuni à Bukavu une quarantaine de journalistes venus de différents médias du Sud-Kivu. La rencontre s’est déroulée dans la salle de réunion du restaurant Chez Maman Kinja et portait sur le thème : « L’impact de la santé mentale face au suicide sur le métier du journaliste ».
Selon les organisateurs, cette initiative visait à renforcer la responsabilité sociale des médias et à promouvoir une information équilibrée, respectueuse et constructive. L’objectif principal était de sensibiliser les journalistes à l’importance de leur rôle dans la prévention du suicide et à la nécessité de contribuer à la cohésion et à la paix sociales.
La présidente provinciale de Stop Suicide RDC, Lumière Singay, a souligné avec force que « le suicide ne doit jamais être banalisé ». Elle a insisté sur l’importance de développer, dans les salles de rédaction, une culture de l’écoute active et de l’accompagnement des collègues en détresse psychologique.
Mme Singay a également mis en lumière la grande vulnérabilité des journalistes, souvent confrontés à des situations traumatisantes et soumis à une forte pression professionnelle. Elle a plaidé pour la création d’espaces de parole au sein des rédactions afin de briser le silence autour de la souffrance psychologique et de renforcer la solidarité professionnelle.
Pour sa part, le journaliste Kamengele Omba a encouragé ses confrères à adopter une attitude positive face aux réalités parfois difficiles de leur métier. Il a rappelé que la résilience et la recherche d’un équilibre personnel sont essentielles pour continuer à exercer ce travail exigeant sans se laisser submerger par la charge émotionnelle.
De son côté, le psychologue clinicien Barthélémy Akuzwe a mis en évidence les effets des traumatismes vécus ou rapportés sur la santé mentale des journalistes. Il a plaidé pour un suivi psychologique régulier afin de prévenir l’épuisement émotionnel et a recommandé la mise en place de mécanismes d’accompagnement permanents dans les rédactions.
Le professeur Adolphe Kilomba est revenu, quant à lui, sur la délicate question du traitement médiatique du suicide. Il a insisté sur la prudence et l’éthique journalistique, rappelant que la manière de rapporter un cas de suicide peut, dans certains cas, susciter des comportements d’imitation chez des personnes fragiles. Une couverture responsable permet au contraire de contribuer à la prévention.
À l’issue de la rencontre, les participants ont salué cette initiative qu’ils ont qualifiée de « salvatrice ». Ils ont exprimé le vœu de voir se multiplier ce genre de formations afin de renforcer leur résilience et de mieux répondre aux défis liés à la santé mentale dans leur travail quotidien.
En définitive, cette activité a permis de rappeler que les journalistes, tout en étant des relais d’information, restent aussi des êtres humains exposés aux mêmes vulnérabilités que le reste de la société. La prise en compte de leur bien-être psychologique apparaît désormais comme une condition indispensable à la qualité et à l’éthique de leur mission.
Par Messie Ngoma Abalawi
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