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Kabare (Sud-Kivu) – À Mudusa, les nuits ne sont plus synonymes de repos. Elles sont devenues des veilles angoissées, marquées par la peur du prochain assaut. Depuis plusieurs mois, la population vit dans une insécurité croissante, et les récentes attaques des 11 et 12 septembre 2025 n’ont fait qu’aggraver une situation déjà intenable.

Cette nuit-là, les sous-villages de Cirhagabwa, Misimbi et Luhoko ont été la cible d’hommes armés non identifiés. Portes défoncées, coups violents, cris et pleurs d’enfants : les habitants racontent des heures interminables de terreur. « J’ai cru que ma famille n’allait pas survivre. J’entendais les assaillants frapper mon voisin, et mes enfants tremblaient dans mes bras », témoigne une mère encore bouleversée.

Plus de dix maisons ont été pillées. De l’argent, des téléphones et divers biens ont disparu. Mais pour les habitants, les pertes matérielles ne sont rien face à la souffrance invisible laissée derrière : l’angoisse permanente, les insomnies, les cauchemars et le sentiment d’abandon.

« Depuis cette nuit, je ne dors plus. Dès que j’entends un bruit, même le vent qui fait grincer la porte, je me réveille en sursaut. Je vis comme si l’attaque allait recommencer », confie un père de famille de Cirhagabwa.

Les témoignages convergent : la santé mentale de la communauté est gravement affectée. Les habitants parlent de fatigue extrême, de stress, d’enfants qui refusent de dormir seuls, de jeunes traumatisés qui sursautent au moindre mouvement. Une enseignante de Luhoko raconte que certains élèves ne viennent plus à l’école : « Ils disent qu’ils ont peur de quitter leurs parents, peur qu’une nouvelle attaque arrive pendant leur absence. »

La société civile de Mudusa alerte : ce climat de violence répétée provoque une détresse psychologique collective. Les villageois vivent en état d’hypervigilance, incapables de retrouver une vie normale. « Ici, même le jour, les regards sont inquiets. Les gens parlent bas, ils se sentent constamment menacés », explique un membre actif du groupement.

À Mudusa, le temps ne semble plus guérir les blessures. Chaque attaque en ravive une autre, et la peur s’accumule comme des couches successives de traumatisme. « Nous sommes vivants, mais à l’intérieur nous sommes morts de peur », murmure une veuve, les yeux embués de larmes.

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