

Ce samedi matin, le soleil à peine levé sur Kindu, les longues files de motos-taxis s’étiraient devant les rares stations-service encore ouvertes. Les conducteurs, visages crispés, attendaient des heures pour obtenir quelques litres d’essence, désormais vendus à 16.000 FC. L’ambiance était lourde, entre colère et résignation. « Nous sommes abandonnés, comment travailler avec un prix pareil ? », lâche Paul, un jeune motard, essuyant la sueur sur son front.
Dans les rues du centre-ville, les effets de cette flambée se font sentir immédiatement. Les passagers hésitent à monter sur les motos, découragés par les nouveaux tarifs. « Hier je payais 2.000 FC pour aller au marché, aujourd’hui on me demande 5.000 FC », se plaint une mère de famille, un panier vide à la main. Autour d’elle, les discussions tournent toutes autour du carburant, devenu aussi précieux qu’une denrée rare.
L’Association pour la Promotion et la Défense des Droits des Personnes Défavorisées (APRODEP) n’a pas tardé à réagir. Ses responsables dénoncent une spéculation orchestrée et ont saisi la justice. « C’est un scandale, la population ne doit pas payer les frais de la complicité entre opérateurs et autorités », affirme avec fermeté un membre de l’organisation. Une plainte officielle a été introduite contre les responsables du secteur pétrolier.
Dans les quartiers populaires, la colère gronde aussi. Plusieurs habitants accusent les autorités locales d’avoir laissé la situation dégénérer. « On nous parle dea crise d’approvisionnement, mais en réalité c’est une affaire politique », estime Justin, conducteur de taxi-bus. D’autres dénoncent une « politisation du dossier », pointant du doigt l’absence de mesures concrètes pour réguler le marché.
En attendant une éventuelle réponse de Kinshasa, Kindu vit au ralenti. Les transports coûtent trop cher, les activités commerciales tournent au minimum et la population redoute que la situation ne s’aggrave dans les jours à venir. Sur les routes poussiéreuses de la ville, les rares véhicules en circulation rappellent que l’essence est devenue un luxe, transformant la vie quotidienne en véritable parcours du combattant.
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