

Bushushu/Bunyakiri (Sud-Kivu) – Plus d’un an après les inondations meurtrières de mai 2023 qui avaient ravagé Bushushu et Bunyakiri dans le territoire de Kalehe, les cicatrices restent profondes. Parmi les victimes silencieuses de cette catastrophe, des centaines d’enfants peinent encore à retrouver une scolarité normale.
Dans les écoles de fortune, les bancs sont clairsemés. Beaucoup d’élèves ne se sont jamais remis sur le chemin de l’école. Certains par manque de fournitures, d’autres faute d’uniforme ou de cahiers.
« Mon fils voulait reprendre les cours, mais je n’ai même pas pu lui acheter un cahier. Chaque matin, il voit ses camarades partir, et lui reste à la maison… », confie, la voix tremblante, une mère rescapée de Bushushu, rencontrée près des décombres de sa maison emportée par les eaux.
L’alerte a été lancée par Bulimwengu Marara Frédéric, responsable de l’Union des Jeunes pour le Développement Intégral (UJDI). Selon lui, la situation risque de compromettre l’avenir d’une génération entière si rien n’est fait :
« Ces enfants sont déjà traumatisés par la catastrophe. Aujourd’hui, ils subissent une double peine en étant privés d’éducation. Nous appelons à un élan de solidarité afin de leur offrir le minimum nécessaire pour reprendre les cours dans la dignité. »
Dans les salles encore debout, les enseignants tentent tant bien que mal de maintenir la flamme. « Certains élèves arrivent sans cahiers, d’autres en haillons. Mais ils viennent quand même, parce qu’ils veulent apprendre. Cela nous émeut, mais aussi nous dépasse, car nous ne savons pas comment les aider davantage », explique un instituteur de Bunyakiri.
Au-delà du besoin urgent de fournitures scolaires et d’uniformes, les familles demandent aussi un accompagnement psychosocial. « Nos enfants font encore des cauchemars quand il pleut. Ils ont besoin de soutien, pas seulement de cahiers », témoigne un père de famille de Nyamukubi, également touché par les inondations.
Face à cette détresse, les appels à la solidarité se multiplient. ONG locales et associations de jeunes espèrent que l’attention de la communauté nationale et internationale se tournera à nouveau vers Kalehe.
En attendant, les enfants restent les premiers otages de cette catastrophe oubliée. Dans les ruines de leurs villages, leurs voix résonnent comme un appel : celui de ne pas être abandonnés.
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