

Dans la soirée du mercredi 10 septembre 2025, les habitants de la capitale du Sud-Kivu ont accueilli avec un mélange de soulagement et de joie les premières gouttes de pluie de ce mois de septembre. Le ciel, longtemps couvert d’une brume poussiéreuse et étouffante, a fini par céder, offrant à la ville une fraîcheur salvatrice après plusieurs jours de chaleur accablante.
Dans plusieurs quartiers, les enfants sont sortis en courant, les bras ouverts, riant et criant sous les fines gouttelettes.
« Nous attendions ce moment depuis longtemps, la poussière avait envahi nos maisons et nos poumons », confie Jeanne, vendeuse de légumes au marché de Nyawera, le sourire aux lèvres malgré ses vêtements trempés. Pour elle, cette pluie n’est pas seulement un phénomène naturel, mais une bénédiction.
Les conducteurs de motos-taxis, eux aussi, n’ont pas caché leur satisfaction. « La route était devenue impraticable avec toute cette poussière. La pluie est venue calmer la situation », explique Patrick, un jeune motard du quartier Bagira, essuyant son visage encore humide. Si la boue s’annonce, pour l’instant, c’est surtout l’air rafraîchi qui leur redonne de l’énergie.
Dans les avenues du centre-ville, certains commerçants ont interrompu leurs activités quelques instants, simplement pour contempler la pluie. « On respire enfin ! Cette poussière nous tuait à petit feu. Même les clients se faisaient rares à cause de la chaleur », témoigne Claude, propriétaire d’une petite boutique à Kadutu. Pour lui, cette pluie est un signe d’espoir en pleine période d’incertitude.
Cependant, d’autres habitants rappellent que la pluie, à Bukavu, est souvent synonyme de nouveaux défis. « C’est vrai que nous sommes soulagés, mais la pluie rime aussi avec glissements de terrain et routes endommagées. Nous craignons déjà ce qui pourrait arriver dans nos collines fragiles », alerte Mama Chantal, résidente de Panzi, en montrant du doigt une pente récemment fissurée. L’arrivée des pluies est donc accueillie avec autant de joie que d’inquiétude.
Pour l’heure, la ville savoure ce répit bienvenu. Les terrasses se sont remplies de conversations animées autour d’un café chaud, les marchés ont repris leurs couleurs, et l’air est redevenu respirable. Bukavu, encore marquée par les secousses du climat et du contexte sécuritaire, s’est offert un instant de grâce : la pluie, fragile et éphémère, est venue redonner un souffle de vie à ses habitants.
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