

Dans l’arène politique congolaise, les discours s’enchaînent comme des pièces de théâtre improvisées. Chacun monte sur scène, promettant d’incarner le rôle principal du sauveur de la nation. Mais très vite, la pièce vire à la comédie : les alliances se font et se défont à une vitesse qui donnerait le tournis à un metteur en scène. En vérité, ce n’est pas toujours la logique qui guide, mais plutôt l’art d’improviser dans une pièce où personne ne veut quitter le devant de la scène.
Ce qui frappe dans ce ballet, c’est la facilité avec laquelle certains politiciens passent du rôle d’opposant intransigeant à celui d’allié « incontournable ». À Kinshasa, on croirait parfois assister à une chorégraphie sans chorégraphe : les pas changent, la musique varie, mais la piste reste la même. Les spectateurs — autrement dit le peuple — se demandent toujours si le spectacle finira par avoir un dénouement heureux.
La force de la politique congolaise, c’est qu’elle arrive à transformer chaque crise en opportunité… du moins pour ceux qui savent tirer les ficelles. « Est maîtrisable qui veut », pourrait-on dire, car chacun tente de prouver qu’il détient la clé de la stabilité. Mais maîtriser, est-ce gérer avec sérieux ou simplement maintenir le public dans un suspense permanent ? Voilà la vraie question.
Fait intéressant, dans ce jeu de chaises musicales, personne n’accepte vraiment de perdre son siège. Les débats houleux à l’Assemblée, les déclarations tonitruantes dans les médias et les sourires forcés lors des réconciliations politiques rappellent parfois une comédie burlesque. L’humour involontaire des acteurs politiques finit par faire oublier que les enjeux sont, en réalité, très sérieux pour des millions de Congolais.
Au final, la scène politique congolaise demeure un théâtre fascinant où le rire se mêle à l’inquiétude, où les mots pèsent parfois moins que les gestes, et où les acteurs refusent obstinément de quitter la lumière. Alors oui, « est maîtrisable qui veut », mais encore faut-il savoir si c’est la situation qu’on maîtrise… ou simplement la patience du public.
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