

À Kalehe, dans le Sud-Kivu, des dizaines d’enseignants attendent toujours leurs primes de l’examen d’État, un dû élémentaire qui récompense leur engagement dans un système éducatif déjà exsangue. Pendant ce temps, à Kinshasa, les députés se livrent à des luttes fratricides pour des postes et des tickets politiques évalués à 21 000 dollars, s’enrichissant sur le dos de ceux qui forment l’avenir du pays.
L’indécence est criante : alors que l’élite politique se gave du gâteau national, ceux qui instruisent les enfants de la République sont laissés dans l’indifférence la plus totale. La capitale, engluée dans ses calculs politiciens, semble oublier que Kalehe fait partie intégrante du territoire national.
La souffrance des enseignants n’est pas abstraite : chaque jour, ces hommes et femmes affrontent la misère, l’insécurité et la guerre pour maintenir en vie le flambeau de l’éducation. Leur travail est vital, mais pour Kinshasa, leurs cris sont invisibles, étouffés par le vacarme des privilèges.
Le scandale atteint son paroxysme avec le sort réservé aux fonctionnaires des zones « libérées ». Comme si vivre sous occupation rebelle était un crime, l’État les abandonne, privant ces citoyens de leurs droits fondamentaux.
Cette stratégie de chantage révèle l’absence totale de vision nationale et une injustice si flagrante qu’elle humilie la République tout entière. Cette iniquité témoigne d’une fracture profonde : d’un côté, une élite politique déconnectée, obsédée par ses querelles intestines et ses enrichissements rapides, et de l’autre, des enseignants au front, abandonnés, humiliés, mais fidèles au service de la nation.
Tant que la carte du pays n’a pas changé, rien ne justifie que Kinshasa détourne ce qui leur revient de droit. L’État ne peut se prétendre souverain en sacrifiant ceux qui tiennent encore debout son système éducatif. Le silence assourdissant de l’Assemblée nationale face à cette injustice sonne comme une complicité.
Si les représentants du peuple ne défendent pas les enseignants de Kalehe, alors qui représentent-ils vraiment ? L’éducation est un socle national, pas une faveur politique. Et chaque jour où Kinshasa choisit de détourner le regard, c’est un pas supplémentaire vers l’effondrement moral et éthique de la République.
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