

Les droits de l’homme en Afrique demeurent un idéal proclamé, mais rarement respecté. Derrière les discours officiels et les conventions internationales ratifiées à grand renfort de cérémonies, la réalité quotidienne est celle d’une répression accrue, d’une justice sélective et d’un mépris systématique des libertés fondamentales. L’espace civique se réduit, la parole libre se paie cher, parfois même au prix du sang.
Dans de nombreux pays du continent, les constitutions sont manipulées au gré des ambitions personnelles. Des présidents s’accrochent au pouvoir en tripatouillant les textes ou en organisant des élections biaisées. Le droit de manifester est criminalisé, les journalistes sont intimidés ou jetés en prison, et les défenseurs des droits humains sont traqués comme des criminels. Cette dérive autoritaire s’installe insidieusement, souvent sous les yeux complices d’institutions nationales fragiles ou corrompues.
Le paradoxe est cruel : l’Afrique est le berceau de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, adoptée il y a plus de quarante ans, mais elle reste aussi l’un des continents où ces droits sont le plus bafoués. Les prisons regorgent d’opposants politiques, de blogueurs et de simples citoyens dont le seul tort est d’avoir exigé transparence et justice. Dans certains cas, la torture, les disparitions forcées et les exécutions extrajudiciaires continuent de sévir, dans une indifférence glaciale.
Face à cette situation, les partenaires internationaux se contentent trop souvent de déclarations de principe. Les grandes puissances, soucieuses de préserver leurs intérêts économiques ou géostratégiques, ferment les yeux sur les violations massives. Cette hypocrisie nourrit le sentiment d’impunité des dirigeants autoritaires. Les victimes, elles, restent invisibles, réduites au silence ou contraintes à l’exil.
Pourtant, l’Afrique ne manque pas de voix courageuses. De Kinshasa à Khartoum, de Lagos à Harare, des jeunes, des femmes et des mouvements citoyens se lèvent contre l’injustice. Ils réclament une société où les droits de l’homme ne seraient pas une faveur concédée par les dirigeants, mais un socle intangible de la vie collective. Mais ces luttes héroïques se heurtent à des appareils sécuritaires implacables, prêts à écraser toute contestation.
Il est temps de dire les choses sans détour : la dérive autoritaire qui gagne de nombreux pays africains menace non seulement les droits de l’homme, mais aussi l’avenir démocratique du continent. La complaisance et le silence ne peuvent plus durer. Défendre les libertés fondamentales en Afrique n’est pas un luxe, c’est une urgence. Car un peuple privé de droits est un peuple condamné à l’humiliation et au chaos.
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