Edito : Doha, une chance fragile pour la paix ?

Le processus de Doha, bien que laborieux, garde encore une valeur symbolique et politique essentielle pour la République démocratique du Congo (RDC). Certes, les discussions s’étirent depuis deux semaines sans percée majeure, mais le simple fait que les délégations demeurent à la table des négociations témoigne d’une volonté de dialogue qu’il ne faut pas sous-estimer. Dans une région marquée par l’incompréhension et la violence, chaque espace de parole est une porte entrouverte vers une sortie de crise.

Les interventions successives de Félix Tshisekedi, le 30 août, puis de Corneille Nangaa le 1er septembre, montrent que les protagonistes sont conscients du poids politique et symbolique de ces pourparlers. Même si leurs discours s’opposent, ils traduisent aussi une reconnaissance implicite : Doha est désormais le cadre de confrontation pacifique des visions, plutôt que l’exclusivité du champ de bataille. C’est un progrès qu’il faut capitaliser et renforcer.

Sur le terrain, la reprise des combats au Sud-Kivu et au Nord-Kivu demeure un signe alarmant, mais elle souligne aussi l’urgence d’une solution. Les violences à Uvira, Fizi, Mwenga et Walikale rappellent la nécessité pressante d’un cessez-le-feu crédible et d’actions humanitaires coordonnées. Loin de décrédibiliser Doha, ces réalités doivent pousser les parties à accélérer la mise en place de mesures de confiance, pour que les négociations aient un impact tangible sur la vie des populations.

L’avenir du processus dépendra de la capacité des acteurs à transformer les mots en actes. Le chemin est encore long, mais la paix en RDC n’est pas une utopie : elle exige persévérance, courage et bonne foi. Doha peut devenir un tournant si les protagonistes acceptent de placer l’intérêt national au-dessus des calculs politiques. Le peuple congolais n’attend pas des promesses, mais des résultats — et il appartient aux leaders présents à Doha de faire de cette rencontre une véritable chance de réconciliation.