

L’annonce de la mise en place d’une commission spéciale chargée d’examiner les pétitions contre certains membres du Bureau de l’Assemblée nationale met en lumière une crise profonde au sein de l’institution. À Kinshasa, cette initiative traduit l’érosion de la confiance entre élus et remet en cause la légitimité même de l’organe censé incarner la représentation nationale.
Depuis plusieurs années, les Congolais dénoncent un Parlement plus préoccupé par ses propres intérêts que par ceux de la population. La multiplication des contestations internes, désormais institutionnalisées sous forme de pétitions, confirme ce sentiment d’une Assemblée incapable de se hisser à la hauteur de sa mission.
Cette crise de légitimité est d’autant plus grave qu’elle intervient dans un contexte où le pays traverse des épreuves majeures : la guerre dans l’Est, l’insécurité urbaine, la pauvreté galopante et le chômage endémique. Alors que le peuple attend des solutions, ses représentants s’enlisent dans des batailles intestines.
À Kinshasa, le Parlement devrait être le cœur battant de la démocratie. Or, il est perçu comme un champ clos où se règlent des querelles de leadership. Cette image fragilise non seulement l’institution, mais aussi la confiance des citoyens envers le système démocratique tout entier.
Si les pétitions deviennent l’unique moyen d’exprimer les frustrations internes, cela prouve que les mécanismes de régulation et de gestion des conflits au sein de l’Assemblée nationale sont défaillants. Une telle situation ne fait qu’accentuer la distance entre élus et électeurs.
La crise de légitimité qui secoue l’Assemblée nationale appelle donc une remise en question profonde. Sans un sursaut collectif, l’institution risque de perdre définitivement son rôle de garant de la démocratie congolaise, au profit d’intérêts partisans.
Des querelles politiciennes au détriment du peuple
La convocation d’une plénière extraordinaire pour examiner les pétitions contre les membres du Bureau de l’Assemblée nationale révèle un dysfonctionnement criant. Kinshasa, au lieu d’être un lieu de débats constructifs sur les défis nationaux, est devenue le théâtre de querelles politiciennes.
Pendant que les élus s’acharnent sur des luttes de postes et d’influence, le peuple congolais, lui, souffre du manque d’eau, d’électricité, d’emplois et de sécurité. Les Congolais de l’Est continuent de fuir les massacres, tandis que les citadins étouffent sous l’inflation. Mais ces préoccupations vitales semblent reléguées au second plan.
Ces querelles ne sont pas nouvelles, mais leur intensité grandissante montre une Assemblée nationale davantage tournée vers l’autodestruction que vers la recherche de solutions. Chaque pétition déposée devient une arme politique, non un outil de régulation démocratique.
L’ironie est frappante : les députés, élus pour porter la voix du peuple, finissent par faire du Palais du Peuple une arène où se jouent des combats de clans, laissant l’avenir de la nation en suspens. À ce rythme, les électeurs finiront par se détourner totalement de l’action politique.
La plénière annoncée est présentée comme décisive. Mais décisive pour qui ? Pour les Congolais qui attendent désespérément des réformes ? Ou pour les politiciens en quête de nouveaux équilibres ? La réponse est claire : Kinshasa continue de tourner en rond, loin des priorités nationales.
Ces querelles intestines devraient pousser les citoyens à exiger des comptes. Car un Parlement qui se replie sur ses propres querelles n’est rien d’autre qu’un fardeau supplémentaire pour un peuple déjà écrasé par la misère.
Le symbole d’une démocratie fragilisée
La mise en place d’une commission spéciale pour traiter des pétitions est, en théorie, un mécanisme démocratique. Mais dans le contexte congolais, cette démarche révèle davantage une fragilité institutionnelle qu’un renforcement de la démocratie.
À Kinshasa, les luttes intestines dominent le Parlement. Les pétitions ne sont pas l’expression d’une vitalité démocratique, mais le symptôme d’une crise de confiance et d’un manque de gouvernance interne. La démocratie, au lieu de se consolider, se délite.
Cette fragilité s’explique par la dépendance persistante des institutions vis-à-vis des partis politiques dominants et des intérêts personnels. La séparation des pouvoirs devient illusoire lorsque l’Assemblée nationale est davantage un terrain de repositionnement qu’une tribune du peuple.
Le recours aux pétitions pourrait, dans un pays stable, symboliser la maturité démocratique. En RDC, il traduit plutôt un Parlement divisé, incapable de se projeter dans des réformes structurelles. Pire, il fragilise la confiance des citoyens dans le jeu démocratique.
Le peuple observe, impuissant, un théâtre où la démocratie semble réduite à des manœuvres de coulisses. Les institutions perdent leur sacralité, et la démocratie son contenu réel. Une telle situation alimente le désenchantement populaire.
Kinshasa devrait faire de l’Assemblée nationale un lieu de débats constructifs. Mais à force de querelles internes, c’est l’image même d’une démocratie immature qui s’impose, ternissant le prestige de l’État congolais.
Une classe politique déconnectée
La convocation d’une plénière autour des pétitions contre les membres du Bureau démontre une fois de plus la déconnexion entre la classe politique de Kinshasa et les réalités du peuple congolais.
Dans les rues, les Congolais réclament des hôpitaux fonctionnels, des routes praticables et une paix durable. Mais au Palais du Peuple, les élus concentrent leurs efforts sur des batailles de fauteuils et de prestige. Ce contraste souligne un fossé grandissant.
La déconnexion est telle que les priorités du peuple et celles des élus ne se croisent plus. Là où les uns voient l’urgence d’une réforme éducative ou sanitaire, les autres débattent du maintien ou non de tel membre du Bureau.
À Kinshasa, l’élite politique vit dans un monde clos, où les enjeux sont davantage électoraux que sociaux. Cette bulle politicienne entretient le mépris et le scepticisme d’une population fatiguée par des décennies de promesses non tenues.
La commission spéciale annoncée ne changera rien à ce constat. Même si elle débouchait sur des destitutions, le peuple n’en tirerait aucun bénéfice concret. Au contraire, il verrait encore une preuve que ses élus se battent pour des positions plutôt que pour des solutions.
Il est urgent de reconnecter la politique à la vie réelle. Sans cela, la fracture entre Kinshasa et le reste du pays deviendra irréversible, au risque de plonger la démocratie congolaise dans une crise encore plus profonde.
Une crise institutionnelle permanente
Ce nouvel épisode de pétitions et de commission spéciale s’ajoute à une longue série de crises institutionnelles qui secouent Kinshasa. L’Assemblée nationale semble condamnée à vivre dans une instabilité permanente.
Depuis plusieurs législatures, les remises en cause internes, les scandales de corruption et les rivalités partisanes rythment la vie du Parlement. Chaque session devient un terrain de tensions, plutôt qu’un espace de gouvernance constructive.
Cette crise institutionnelle permanente affaiblit l’État dans son ensemble. Si le Parlement, cœur de la démocratie, vacille, alors tout l’édifice républicain tremble. L’instabilité de Kinshasa se répercute sur la stabilité nationale.
Le peuple, lui, n’a plus confiance. Chaque crise parlementaire nourrit le désespoir et l’indifférence des citoyens envers la politique. Dans un pays où les institutions devraient donner l’exemple, elles deviennent au contraire le symbole de l’échec collectif.
La commission spéciale annoncée pour examiner les pétitions n’est donc qu’un épisode de plus dans une série sans fin. Elle ne réglera rien, car le problème est systémique : absence de culture démocratique, clientélisme, et soif de pouvoir.
Kinshasa doit rompre ce cycle infernal. Faute de quoi, la RDC restera prisonnière d’un Parlement dysfonctionnel, incapable de jouer son rôle moteur dans la reconstruction du pays.
En somme, ce nouvel épisode parlementaire à Kinshasa n’est pas une simple formalité procédurale : il est le reflet d’un mal profond qui mine les institutions congolaises. Les pétitions et les commissions spéciales ne sont que des symptômes d’une maladie plus grave, celle d’un pouvoir obsédé par ses équilibres internes et indifférent aux souffrances du peuple.
Si le Parlement, censé représenter la nation, devient un champ clos de luttes intestines, alors la démocratie congolaise court un risque majeur : perdre son âme et son sens. L’Assemblée nationale, au lieu de protéger les citoyens, devient un miroir déformant de leurs attentes, une caisse de résonance des ambitions individuelles.
Il est urgent que Kinshasa change de cap. La RDC ne peut plus se permettre une Assemblée nationale en crise permanente, car le pays a besoin de réformes courageuses, de lois adaptées et d’un leadership institutionnel responsable. Sans ce sursaut, le Palais du Peuple restera le théâtre d’une pièce tragique : celle d’un Parlement déconnecté, et d’une nation trahie.
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Ces crises sont le signe manifeste d’immaturité politique. Ne devient pas parlementaire qui veut. Mais en ce pays,ce mandat a été détourné de son but premier pour un profit aléatoire et un prestige illusoire.
Ces crises sont le signe manifeste d’immaturité politique. Ne devient pas parlementaire qui veut. Mais en ce pays,ce mandat a été détourné de son but premier pour un profit aléatoire et un prestige illusoire.
Bien dit
c’est profond