

Sous le soleil brûlant de Bukavu, de jeunes diplômés arpentent les rues, portefeuille rempli de CV et cœur chargé d’espoir. Mais à chaque porte qu’ils frappent, la réalité les rattrape : les offres d’emploi se font rares et souvent inaccessibles.
« On m’a demandé trois ans d’expérience pour un poste d’assistant alors que je viens juste de finir l’université ! », s’exclame Désiré, diplômé en gestion.
La frustration est palpable, les regards s’éteignent à mesure que les promesses d’embauche se dissolvent dans le vide.
Dans les marchés et ateliers de la ville, certains se tournent vers des alternatives inattendues. Des jeunes ingénieurs vendent des services informatiques de porte à porte, tandis que des diplômés en commerce deviennent vendeurs ambulants pour joindre les deux bouts.
« J’ai passé des nuits à coder pour des clients sur mon ordinateur portable, juste pour payer mon loyer », confie Aline, jeune informaticienne.
Chaque petite victoire est une respiration dans un quotidien oppressant.
Les familles observent, souvent impuissantes, leurs enfants lutter contre le mur du chômage.
« Nous avons investi dans les études de nos enfants, et maintenant ils passent leurs journées à chercher un emploi qui n’existe pas », se désole une mère de famille.
Les spécialistes avertissent : ce déséquilibre entre formation et marché local pourrait créer une génération de diplômés frustrés, poussés à quitter la ville ou même le pays.

Des ONG et associations locales tentent d’apporter une lueur d’espoir. Des ateliers d’entrepreneuriat et des formations pratiques permettent à certains de créer leur propre emploi ou d’adapter leurs compétences aux besoins du marché.
« On leur apprend à transformer leurs compétences en opportunités réelles », explique Émilie Kasereka, coordinatrice d’un programme d’insertion professionnelle.
Mais les fonds restent limités et les besoins énormes.
Pourtant, malgré ce contexte difficile, des histoires de résilience émergent. Samuel, ingénieur en électromécanique, a lancé un atelier de réparation d’équipements électriques, tandis que d’autres diplômés innovent dans le recyclage et l’artisanat local.
« Chaque réussite, même petite, montre que l’espoir n’est pas perdu », dit-il avec un sourire fatigué mais déterminé.
À Bukavu, les jeunes diplômés continuent de marcher, CV à la main, défiant les obstacles et cherchant à transformer l’adversité en opportunité.
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