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À Bukavu, chaque matin résonne le même cri dans les rues : “Apa tuna uza machuma na ma bateries ya ku aribika”. Les mégaphones annoncent sans cesse que l’on achète ici mitrailles, fers usés et batteries déclassées. Dans les ruelles étroites et sur les grandes avenues, des jeunes âgés de 15 à 25 ans portent sur leurs épaules, leur dos ou leur tête des sacs lourds, remplis de métal récupéré ou acheté en seconde main. Pour eux, c’est une manière de survivre.

Dans les quartiers de Kadutu, Jean-Pierre, 17 ans, traîne un sac presque aussi grand que lui. « Je commence à 6 heures du matin et je ne m’arrête qu’à 18 heures », raconte-t-il en essuyant la sueur de son front. Ses amis l’accompagnent parfois, ramassant des morceaux de fer dans les poubelles ou les vieux ateliers abandonnés. Chaque morceau, chaque batterie, a une valeur : il sera revendu à un atelier artisanal qui transforme ces métaux en outils ou pièces de construction.

Sur les avenues de Bagira, une scène saisissante attire le regard des passants : des jeunes marchent péniblement sous le soleil, portant des sacs qui menacent de basculer à chaque pas. « Donnez-nous un petit quelque chose, pour nous aider à finir la journée », lance un adolescent d’une voix tremblante. Certains passants donnent quelques pièces, d’autres observent en silence, impressionnés par la détermination de ces jeunes malgré la fatigue évidente et le poids des sacs.

Dans les ateliers artisanaux, les métaux ramassés reprennent vie : ferrailles et batteries sont coupés, fondus ou transformés en ustensiles, pièces de charpente et outils divers. « Sans ces jeunes, notre activité ne pourrait pas fonctionner », confie un artisan de la commune d’Ibanda. Ce petit commerce informel, malgré sa précarité, permet à une partie de la jeunesse de Bukavu de gagner quelques sous pour subvenir à ses besoins quotidiens.

Chaque jour, ce va-et-vient se répète, ponctué par le bruit des mégaphones et le froissement des sacs. Derrière cette scène quotidienne se cache une jeunesse résiliente, qui malgré la chaleur, la fatigue et la rudesse du travail, trouve dans la récupération de la ferraille un moyen de survivre et, peu à peu, de se construire un avenir, dans une ville où les opportunités sont rares et la vie souvent impitoyable.


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