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La scène politique congolaise a connu un tournant majeur le lundi 22 septembre avec la démission de Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale. Cette décision est intervenue alors qu’une pétition signée par 262 députés exigeait son départ. Prenant les devants, le leader de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) a choisi de se retirer de ses fonctions, une annonce officialisée par le premier vice-président de la chambre basse, Jean-Claude Tshilumbay, à l’ouverture de la plénière.

Dans son allocution, Vital Kamerhe a souligné le caractère secondaire, selon lui, des débats centrés sur sa personne.

« Ce débat a fait passer au second plan les véritables défis : l’unité nationale, la cohésion, la défense de la souveraineté et le progrès économique. Voilà ce qui aurait dû capter toute notre énergie. Dès demain, nous retrouverons le chemin de l’essentiel », a-t-il déclaré, adoptant un ton à la fois conciliant et critique.

À Bukavu, ville dont il est originaire et bastion électoral historique, la nouvelle a provoqué de vives réactions. Dans les marchés, les universités et jusque dans les quartiers populaires, la population exprime sa colère et son amertume. Beaucoup voient dans cette démission une manœuvre politique destinée à « écarter » un acteur influent du Sud-Kivu.

« C’est une humiliation pour nous tous, pas seulement pour lui », s’indigne un jeune étudiant rencontré à l’Université officielle de Bukavu.

Cette indignation traduit une inquiétude plus profonde : celle d’un affaiblissement de la représentativité régionale sur la scène nationale. Pour nombre de Kivutiens, la perte de Kamerhe à la tête de l’Assemblée signifie une voix de moins pour porter les préoccupations d’une région marquée par l’insécurité et l’instabilité.

Un commerçant de Nyawera résume ainsi le sentiment ambiant : « Quand Kinshasa agit ainsi, on a l’impression que l’Est du pays n’existe pas. »

Au-delà de l’émotion populaire, cette démission met en lumière plusieurs enjeux critiques. Elle révèle d’abord la fragilité des équilibres politiques au Parlement, où les alliances se font et se défont au gré des rivalités internes. Elle illustre aussi le fossé persistant entre la capitale et certaines provinces, alimentant un sentiment d’exclusion. Enfin, elle pose la question de l’avenir de Vital Kamerhe, dont l’influence politique reste intacte à l’Est et qui pourrait transformer cette épreuve en levier pour rebondir sur la scène nationale.

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