

Dans un contexte marqué par des tensions sécuritaires récurrentes, le Sud-Kivu cherche des solutions durables pour consolider la paix et offrir un avenir meilleur à sa jeunesse. Si les armes continuent de retentir dans certaines localités, plusieurs acteurs sociaux et économiques insistent sur la nécessité de promouvoir des alternatives économiques capables de détourner les jeunes des mouvements de violence. L’émergence d’opportunités dans l’entrepreneuriat, l’agriculture, le numérique et l’économie locale apparaît ainsi comme une piste concrète et prometteuse.
L’entrepreneuriat des jeunes se présente comme un véritable moteur de transformation. De plus en plus de diplômés, malgré le manque d’emplois formels, s’orientent vers la création de petites entreprises. C’est le cas de Jean-Paul, 28 ans, qui a lancé une unité de fabrication de briques écologiques à Bukavu : « J’étais tenté de partir dans une milice pour survivre, mais j’ai choisi de créer mon entreprise. Aujourd’hui, je fais travailler d’autres jeunes du quartier ». Ces initiatives, si elles sont soutenues par des financements et des formations, peuvent transformer le chômage en opportunité et contribuer à la stabilité.
L’agriculture moderne constitue une autre opportunité incontournable pour la province. Avec ses terres fertiles, le Sud-Kivu dispose d’un potentiel agricole immense. Mado, 24 ans, exploitante agricole à Kabare, témoigne : « J’ai suivi une formation en techniques agroécologiques. Avant, je récoltais à peine pour nourrir ma famille ; maintenant, je vends aussi au marché et j’épargne ». De telles expériences montrent que l’agriculture, au-delà de nourrir les populations, peut aussi servir de moteur économique et social, tout en offrant une alternative à la manipulation des jeunes par les groupes armés.
Parallèlement, l’innovation numérique ouvre de nouvelles perspectives pour la jeunesse. Patrick, 22 ans, étudiant en informatique à Bukavu, a conçu une application de mise en relation entre producteurs et acheteurs agricoles. « Beaucoup de jeunes n’imaginaient pas qu’avec un smartphone on pouvait créer de l’emploi. Nous voulons montrer que le digital peut changer notre avenir ». Ce type d’innovation, adapté aux réalités locales, offre aux jeunes des moyens modernes de s’intégrer dans l’économie et de développer leur créativité.
Enfin, l’économie locale basée sur les savoir-faire traditionnels reste un pilier de la stabilité sociale. Amina, 26 ans, artisane à Uvira, a relancé une coopérative de tissage qui emploie aujourd’hui une dizaine de femmes déplacées. « Grâce à notre travail, nous pouvons subvenir à nos besoins sans attendre des aides extérieures ». En valorisant les ressources locales et en renforçant les solidarités économiques, le Sud-Kivu démontre que la paix durable ne viendra pas seulement des accords politiques, mais surtout de l’ancrage d’une économie inclusive et équitable au service de sa jeunesse.
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