

Le 19 juillet 2025, la République démocratique du Congo (RDC) et l’Alliance du Fleuve Congo (AFC/M23) signaient à Doha une déclaration de principes ambitieuse. Elle engageait les deux parties à un cessez-le-feu permanent, à la libération des prisonniers et à la tenue de négociations directes, dès le 8 août, pour un accord de paix final.
Cette annonce, saluée par la communauté internationale, avait ravivé l’espoir d’un apaisement durable dans l’Est congolais après plus d’une décennie de violences. Pourtant, à la veille de cette échéance cruciale, l’horizon s’obscurcit. Des sources diplomatiques évoquent une possible non-tenue de ces discussions à la date convenue, faisant planer une ombre noire sur les engagements de Doha.
L’expression « fumée noire à Doha » qui circule sur les réseaux sociaux symbolise bien cette incertitude. Si cette formulation ne provient d’aucune déclaration officielle, elle révèle néanmoins un malaise profond et partagé par les observateurs du processus.
Les doutes exprimés sur la tenue des pourparlers, même s’ils ne sont pas encore confirmés par les parties prenantes, soulignent une fois de plus la fragilité des processus de paix en Afrique centrale. Kinshasa, qui reste méfiant face à une rébellion soutenue par des puissances régionales, hésite peut-être à légitimer davantage un acteur militaire par une rencontre directe. De son côté, l’AFC/M23, désormais structuré politiquement, pourrait durcir ses exigences dans l’attente d’une reconnaissance accrue.
Si ces pourparlers venaient à être reportés ou annulés, ce serait un signal désastreux pour les millions de civils pris au piège des violences armées dans le Kivu. L’échec ou l’enlisement du dialogue signifierait la prolongation des souffrances humaines, la poursuite des déplacements massifs, et l’effondrement d’une confiance déjà bien érodée entre les belligérants.
Pire encore, cela pourrait encourager d’autres groupes à recourir à la force pour se faire entendre, dans un climat sécuritaire déjà chaotique. La RDC, confrontée à une multiplication des fronts internes, n’a pas le luxe d’un nouvel échec diplomatique.
À ce carrefour critique, il revient à la diplomatie internationale – notamment le Qatar, garant du cadre de Doha – de faire respecter les engagements du 19 juillet. La population congolaise, épuisée par la guerre et par les promesses non tenues, attend des actes forts, pas des déclarations creuses.
La paix ne peut plus être un mirage reporté de sommet en sommet. Il est temps que les protagonistes de ce conflit mettent de côté leurs calculs politiques et placent au centre de leurs préoccupations l’intérêt supérieur du peuple congolais.
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