

Au Sud-Kivu, marqué par de longues années de tensions intercommunautaires, la jeunesse se positionne de plus en plus comme un acteur clé de rapprochement. Dans les quartiers populaires de Bukavu comme dans les villages reculés de la province, de jeunes leaders multiplient les initiatives de dialogue pour briser les barrières de méfiance héritées des conflits armés. « Nous avons compris que si nous restons divisés, nous ne pourrons jamais construire un avenir meilleur », confie Jean-Claude, jeune étudiant engagé dans une association de paix.
Ces démarches prennent souvent la forme de débats publics, d’ateliers artistiques ou encore de tournois sportifs intercommunautaires, où l’esprit de fraternité prime sur les appartenances ethniques. Pour Amina, une jeune fille déplacée de Kalehe, ces initiatives redonnent espoir : « Grâce à ces rencontres, j’ai pu retrouver des amis que je pensais perdus à cause des violences. Aujourd’hui, je crois que nous pouvons vivre ensemble. » Ces témoignages traduisent un changement de mentalité qui gagne peu à peu la jeunesse.
Les organisations de la société civile accompagnent également ce mouvement. Plusieurs structures locales mettent en avant la créativité et l’énergie des jeunes pour bâtir un dialogue franc et inclusif. « Les jeunes ne portent pas les lourds bagages du passé comme les générations plus âgées, ils sont plus ouverts à l’idée de réconciliation », explique un acteur de la société civile de Bukavu. Cet atout fait d’eux de véritables ponts entre communautés autrefois opposées.
Cependant, les défis restent nombreux. L’absence de soutien institutionnel et les difficultés socio-économiques fragilisent la pérennité des actions menées par ces jeunes. Certains craignent que sans moyens suffisants, ces initiatives ne s’essoufflent. « Il ne suffit pas d’organiser des dialogues, il faut aussi que les autorités créent des opportunités d’emploi et d’inclusion pour que la jeunesse trouve des raisons concrètes de rester unie », souligne Patrick, jeune diplômé en quête d’emploi.
Malgré ces obstacles, l’élan actuel traduit une volonté forte de tourner la page des divisions. La jeunesse du Sud-Kivu, en s’érigeant en artisan de paix, envoie un message puissant : celui d’un avenir possible où les différences deviennent des richesses et non des failles. Dans un contexte fragile, ce rôle de catalyseur porté par les jeunes mérite d’être soutenu et amplifié, car il ouvre la voie à une société plus apaisée et solidaire.
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