De l’ombre au front : Une analyse de l’histoire de la résistance politique en RDCongo.-(2è partie)

éditeur

De dr -g-Lumumba , Mpolo Maurice et Okito

3.1. Patrice Lumumba : Symbole et héritage de la lutte pour l’indépendance authentique

La dent de Patrice Emery Lumumba

Cette non-sépulture a créé un « fantôme » qui, selon l’analyse, ne cesse de « harceler ses bourreaux » et de troubler l’ordre post-colonial. L’objectif de faire disparaître Lumumba physiquement n’a pas réussi à effacer sa mémoire.

L’échec de la répression à effacer sa mémoire a permis à Lumumba de devenir une figure inspirante pour de nouvelles générations de militants panafricanistes, qui voient en lui le symbole d’une « vraie » décolonisation encore inachevée. Son image persiste, renforçant l’idée que le combat pour la souveraineté est éternel et que les crimes ne peuvent pas effacer l’histoire.

3.2. La « deuxième indépendance » : les rébellions lumumbiste

Dans le sillage de l’assassinat de Lumumba, des rébellions armées se sont formées, cherchant à obtenir ce qu’elles appelaient la « deuxième indépendance ». Les mouvements muleliste et Simba, dirigés par des figures telles que Pierre Mulele, ancien ministre de Lumumba, et Christophe Gbenye, se réclamaient de l’héritage de Lumumba et visaient à renverser la « domination néo-coloniale » incarnée par les nouvelles élites au pouvoir. L’idéologie de ces mouvements, notamment la rébellion du Kwilu de Mulele, était basée sur une lutte des classes entre les paysans et les travailleurs et la « classe des riches et des capitalistes » qui, selon eux, s’enrichissaient grâce aux richesses du pays.

Les tactiques de ces résistants étaient un mélange de guérilla, de rituels magiques et d’idéologie maoïste, Pierre Mulele ayant été formé à la guérilla en Chine. Ils utilisaient des armes rudimentaires comme des arcs et des flèches empoisonnées, tout en cherchant à démoraliser leurs opposants par des pratiques mystiques.

Cependant, ces mouvements ont été brutalement écrasés par l’armée du colonel Joseph-Désiré Mobutu, avec un soutien massif de mercenaires et des États-Unis.

**Bomboko ramène Mulele de Brazza à Kinshasa sous accord du Pdt Ngouabi**

Le sort de Pierre Mulele illustre la brutalité du régime naissant : revenu d’exil en 1968 sous la promesse d’une amnistie, il fut torturé et exécuté. Son assassinat, comme celui de Lumumba, avait pour but de décapiter la résistance et d’envoyer un message fort à quiconque oserait défier le pouvoir en place.

Tableau 1 : Chronologie des figures et mouvements de résistance (1885-1968)
Figure/Mouvement.	Dates d’activité.	Contexte Historique	Forme de résistance
Mutineries de la Force publique	1897-1900.	EIC,Exploitation et brutalité coloniale	Rébellion armée, mutineries
Mouvement Kimbanguiste	à partir de 1921	Congo belge, répression coloniale	Résistance spirituelle , non-violente, clandestine
Patrice Lumumba	Années 1950-1961	Lutte pour l’indépendance	Politique syndicale, anti coloniale
Rébellions Muleliste & Simba	1963-1968	Crise post-indépendance ,lutte contre le néocolonialisme	Guérilla armée, résistance rurale