

Ça y est le go est donné ! Le ministère de l’éducation nationale et nouvelle citoyenneté vient de lancer dans 2 provinces , le Haut Katanga 1, à Lubumbashi et le Kasaï oriental 1 ,à Mbuji-Mayi la machine de décentralisation de correction d’ EXETat en province. Jusqu’ici , tout devait être envoyé à Kinshasa . L’ennui c’est que ça faisait de longs délais pour la publication des résultats.
Selon la Cellule de communication du MINEDU-NC « la ministre est déterminée à moderniser le système éducatif congolais par l’introduction des technologies de l’information et de la communication (TIC), par notamment l’intégration de l’Intelligence Artificielle dans le processus de correction. C’’est ainsi que le Centre National de correction antenne de Lubumbashi est déjà opérationnel et équipé pour traiter plus de 100.000 cahiers d’items d’ EXETAT .
D’où dans les deux provinces pilotes c’est l’enthousiasme total . Aussi le MINEDU-NC s’engage t-il les jours à venir à étendre ce système à certaines provinces lit-on dans ce document publié le 24 juillet 2025. .
En RDC c’est à notre avis plus un problème de fiabilité que de distance ! L’intégrité des hommes commis à la correction ,et l’électricité souvent défaillante et les conditions de paie des correcteurs!. Voilà 3 éléments clefs que nous espérons résolus par ce nouveau ministère. Par curiosité nous nous sommes intéressés à ce qui se fait ailleurs d’où provient cette innovation.
En l’occurence en France , une enquête a révélé que les correcteurs du bac 2025 n’utiliseront pas l’IA, a affirmé le ministère français. Bien qu’il y ait des offres de nombreuses start-up positionnées sur le créneau, le ministère français est formel: « À ce stade, l’intelligence artificielle n’entrera pas dans le processus de correction des examens ».
D’où nous avons voulu savoir pourquoi en France où beaucoup d’inventions sont sorties dans le domaine le mineduc de là-bas n’a pas d’office appliqué l’IA alors qu’en RDC on vante le produit qu’on n’a pas fabriqué mais dont on n’a fait que recevoir l’offre par une société étrangère.
Essayons à présent de comprendre les réticences des uns face à cette innovation technologique .
Actuellement c’est devenu assez commode d’avoir à faire avec une Intelligence Artificielle à l’accueil quand on est visiteur ou client que ce soit au téléphone ou sur le net .
Ainsi l’intelligence artificielle est partout peut-on dire , même dans les salles de classe. Tout le monde l’ a déjà essayé . Mais quand il s’agit de corriger des copies d’examen , la question se pose : est-ce vraiment une bonne idée de laisser une machine faire le travail à notre place ?
Dans les avantages, nous relevons certes comme la minedu-nc
1. **Gain de temps : Imaginez un prof qui doit corriger une montagne de copies d’EXETAT ! L’IA peut rapidement repérer les fautes d’orthographe, de grammaire et même évaluer la cohérence des idées en moins de temps . Donc , moins de temps passé à corriger une copie, plus de temps pour passer à d’autres copies.
Dans le cas dit d’Exetat l’argument « gagner du temps « vaut mais suffit-il?
2. Quant à l’Objectivité, on peut dire qu’ avec une IA, fini le favoritisme ou les jugements biaisés. Elle ne connaît pas les élèves, donc elle ne prend pas en compte leur personnalité ou leurs antécédents. Une note est une note, peu importe qui l’a écrite.Ce qui lui ajoute un crédit d’objectivité comme on ne peut pas mieux en l’espèce , face à des correcteurs qui seraient tentés de modifier les résultats.Tout jusqu’ici est positif. Abordons à présent ce qui fait les réticences des autres.
1. D’emblée on se rend compte que l’IA manque de nuance .En effet l’IA ne comprend pas toujours le contexte. Un jeu de mots ou une métaphore pourraient passer complètement inaperçus. Parfois, il faut un œil humain pour saisir la créativité derrière un texte . Aussi , est-il préférable que l’IA soit un « assistant » au correcteur humain et non le remplacer ! Cependant on a remarqué que l’IA progresse très vite avec les mises à jour et les ajustements qui lui sont régulièrement fournis . Mais il faudrait que « des aspects éthiques et écologiques soient compris dans la réflexion des outils à intégrer dans l’IA »pour l’aider à progresser dans les nuances..
2. Si l’humain a de l’émotion , l’IA n’en a pas et reste plutôt froide . Donc ne lui cherchez pas de « compréhension émotionnelle. Or évaluer une copie, c’est aussi ressentir l’effort de l’élève. Une machine ne peut pas apprécier la passion que certains mettent dans leurs travaux. D’où se posera la question de « la fiabilité des évaluations de l’IA .
Ainsi répondant à une enquête de l’Express Education sur le sujet publié le 25 juin dernier , Jean-Yves Labouche, professeur de mathématiques et auteur nous fait une grande révélation.
Ainsi en math les IA ne sont pas encore capables de comprendre une construction géométrique (angles, longueurs, cercles…) et ont du mal à cerner certaines notations spécifiques (matrices, vecteurs, calculs posés etc) »-
Quand il s’agit de texte de philo, la correction de l’IA “peut être problématique” selon une autre prof de Philo , Inès Drège, abordée dans la même enquête. D’après elle : « Si une IA est capable d’évaluer une dissertation, cela signifie que l’exercice ne mobilise plus véritablement l’intelligence humaine, mais une forme de production standardisée et sans pensée ». Et cela s’explique par le fait que « L’écriture philosophique engage un raisonnement vivant, non fragmentable en unités de compétences isolées. Par conséquent, une correction automatisée trahirait la nature même de la discipline »

Autrement dit la pensée philosophique forme un tout non séquencé et reste évolutive . Ce qui la rend sans cesse perfectible . Elle doit être un cheminement vers une ouverture s’ouvrant à d’autres suites. Or une réponse jugée par une IA impliquerait une fin valable pour tous donc standard ! Ce qui serait contraire à la liberté qui existe dans la pensée philosophique .
Aussi , une IA ne saura jamais faire cette connexion en matière philosophique qui nécessiterait cette connexion humaine qu’auraient des correcteurs humains . Le jour où la pensée deviendrait standard , il n’y aurait plus de philosophie à proprement parler ! Donc plus de place à la pensée pure mais des formules toutes faites sans aucune originalité ni personnalité qui font la singularité de cette science. Comment l’IA saurait acquérir cette subtilité d’esprit ça reste à construire. Mais on tombe toujours à un moment donné à cette impression de manque d’originalité que nous font les réponses des robots. Et l’IA risque bien de mal coter une copie car n’ayant pas maîtrisé ce contexte.
D’où sa fiabilité est remise en question pour toutes ces raisons; ce qui fait que le mineduc français ne l’a pas adopté pour la correction des épreuves du bac en cours. Et c’est à notre avis bien plus judicieux car il s’agit de l’avenir de la jeunesse. Du reste des accidents ne sont jamais absents dans les machines. Et comme on le sait une fois qu’elle est lancée sur une formule vous ne remarquerez que bien après ses erreurs sur de nombreuses copies car l’IA résonne en boucle.
Aussi notre point 3 -c’est la Dépendance technologique :Si on se repose trop sur l’IA, qu’en sera-t-il des compétences pédagogiques ? Faire évoluer l’IA en laissant les enseignants sur le banc serait une bien grosse erreur . Car en corrigeant les copies les enseignants arrivent également à voir le niveau des méthodes d’évaluation et à pouvoir les faire évoluer . A défaut , on risque de créer une génération d’élèves qui ne sait plus écrire sans assistance.
Alors, pour clore , pour ou contre l’utilisation de l’IA pour corriger des copies ?
Comme souvent, la réponse n’est pas noir ou blanc. Peut-être que la meilleure solution serait un mélange des deux ! L’IA peut aider à alléger la charge de travail des correcteurs tout en laissant suffisamment de place pour l’évaluation humaine.En fin de compte, l’important, c’est de garantir une éducation de qualité, peu importe qui ou quoi est derrière le stylo rouge !
Au final ,le correcteur humain sera toujours nécessaire pour contrôler le travail de l’IA et cela suppose beaucoup d’exigence de sa part. Que le correcteur humain ne soit ni superficiel ni quelqu’un qui fait trop confiance en la machine non plus. Car la programmation de l’IA étant un travail humain ne saurait être une oeuvre parfaite.
Pour revenir aux réalités de la RDC il importe de bien conditionner les correcteurs affectés à la validation de la correction de l’IA. Cette approbation finale est pour nous la meilleure formule pour un peu plus d’efficacité donc de crédibilité. Cela permettrait de corriger à temps quelques défaillances.
Or c’est un travail qui semble fastidieux quand on y ajoute le nombre de copies à passer ainsi en revue. Il faut constater ici par expérience de la RDC , le relâchement dans le travail est souvent le fait des mauvaises conditions de travail . Si les débuts paraissent bons sur base de bonnes décisions mais l’exécution souvent ne suit pas dans la chaîne qui se brise quelque part.
Car , justement on bute à des facteurs d’organisation et de motivation comme des salaires impayés ou mal répartis. Et `cela vient perturber le bon fonctionnement du travail malgré les compétences humaines. Vouloir se passer des humains pour ces raisons en confiant tout à l’IA , serait aussi pour nous illusoire.
Il faut au contraire régler cette situation du salaire des enseignants en toute équité au lieu d’éluder la question en créant une autre. Et l’on se demande pourquoi ne pas attendre que l’IA évolue davantage pour plus de fiabilité au lieu de plonger tête basse dans cette aventure technologique dans un pays où l’homme n’est pas encore disposé à être opérationnel avec ce système .
Or , la RDC n’a pas encore sa propre IA à l’heure actuelle où le minedu-nc s’empresse de lancer ces centres en province. Comment en suivra t-on l’évolution pour l’actualiser à nos programmes même avec des items bien construits pour obtenir des évaluations IA fiables? N’est-il pas dangereux de confier ainsi l’avenir de notre jeunesse entre les mains de l’opérateur qui est venu faire l’offre de son matériel IA .
-A -ton approfondi la question dans un débat sérieux avant d’intégrer cette IA à l’Exetat de notre pays dont dépend l’avenir de notre jeunesse? Le plan quinquennal de ce ministère ne s’attaque pas aux carences matérielles ni aux salaires des enseignants pour améliorer les conditions de travail tant pour les élèves que des enseignants.
Mais il accepte de faire engager d’énormes frais pour l’acquisition de cette technologie dont même l’Europe limite son usage. La qualité de l’école ne dépend pas que du système de correction des copies finales mais de la formation donnée le long de l’année scolaire sur un programme de qualité , dans les meilleures conditions.
– Aujourd’hui ce mineduc nc bat pavillon pour la modernité mais a t-on suffisamment formé des personnes pour gérer la maintenance des outils?
– Pour nous le ministre voit grand mais s’y prend trop vite et manque de traiter la question en amont pour ne voir que la rapidité de la correction sur base d’un programme dépassé qui ne répond plus aux besoins réels du pays . Et comme on l’a démontré ,la fiabilité de l’IA n’est pas encore parfaite. D’où les pays d’où c’est produit on limite encore son usage à certains domaines sans trop de conséquences irréversibles. D’où l’impact de cette décentralisation fondée sur un seul maillon de tout le système ne résout pas le problème de fond de l’éducation et de la formation des cadres utiles au pays .
Le programme de tout l’enseignement à tous les niveaux pose sérieusement problème dans le pays. A quoi donc servirait -il si on ne le change pas sinon à nous donner comme on le sait nombre de finalistes- en- syllabus qui ne font que reprendre le contenu de leurs cahiers sans aucune créativité . Si la ministre a eu le privilège de bénéficier de bonnes écoles , elle a sans doute vu comment sont les écoles et comment travaillent les enseignants. On ne peut penser au matériel sans penser aux hommes d’abord.
En RDC le social impacte le travail et les études de la majorité de la jeunesse actuelle futurs cadres de demain. Que pensez-vous qui ils seront demain et qu’est ce qu’ils vont donner au pays s’ils n’ont pas eux-mêmes connu ces bonnes conditions de bonne moralité et de discipline dans le travail?! Or gouverner un pays surtout dans le domaine éducationnel ,ce n’est pas une affaire de chiffres comme dans le commerce mais la qualité et l’efficacité doivent primer.
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